3e Concert contre le cancer masculin / Prostate Music Tour, l’heure du bilan

Les organisateurs du 3eme concert contre le cancer n’ont pas réussi à remplir le Chabada comme ils l’avaient envisagé. Mais avec 600 spectateurs sur les 650 autorisés, – restrictions sanitaires obligent -, ce fut suffisant pour mettre le feu au Chabada. D’autant que les groupes « tribute » présents sur la scène ont assuré le spectacle pour le plus grand bonheur de ceux qui étaient restés à Angers pour soutenir la cause défendue par l’association Cancer Osons ! Un grand merci à l’équipe du CHABADA à Angers pour son professionnalisme et son accueil chaleureux

Les Fortunes Tellers Tribute des Rolling Stones (Photo Pascal Riondy)

« Je suis complètement bluffé par la prestation des Fortune Tellers (tribute des Rolling Stones). J’ai l’impression de voir Mick Jagger sur scène », disait un spectateur enthousiaste, venu tout spécialement pour applaudir ce groupe qui rend hommage au groupe britannique de la plus belle des manières. Avec un son particulièrement léché et la gestuelle du chanteur qui n’a pas hésité à enlever ses vêtements sur scène pour mettre en émoi les femmes présentes dans la salle.

Mégaphone Tribute de Téléphone Photo Nathalie Thual )

Même enthousiasme lorsque le groupe Lyonnais Mégaphone, tribute de Téléphone, à lancé les premiers accords d’« un autre monde », l’un des morceaux fétiches du groupe français. Interprété par Fabrice Dutour (Jean Louis Aubert), un chanteur aux longs cheveux blancs qui n’a pas laissé insensible les fans présents dans la salle chauffée à blanc du Chabada. Connaissant toutes les chansons du groupe, les fans ont repris en cœur tout le répertoire égrainé, à la note près par Mégaphone, pendant l’heure qui leur était imparti. Il suffisait de voir les spectateurs danser et sautiller sur place pour comprendre que le message passait et que la sauce initiée par les bénévoles de l’association Cancer Osons était en train de prendre. 

FUZZ Top Tribute de ZZ Top (Photo Patrice Touchet)

Autre tonalité, pour un spectacle tout en couleur et en riffs de guitares très appuyés par les barbus de Fuzz Top, qui ont repris avec force et vigueur les standards du groupe texan ZZ top. Avec plusieurs changements de costumes et guitares assorties, les Viennois de Fuzz Top ont littéralement envouté un public qui ne connaissait pas vraiment le groupe original de blues rock, originaire de Houston, Texas, aux États-Unis. Ce groupe atypique a connu le sommet de sa gloire dans les années 1970 et 1980 avec plus de 70 millions d’albums vendus à travers le monde, dont la moitié aux États-Unis.

Du côté des organisateurs on tire un bilan plutôt satisfaisant, même si le nombre de billets vendus comblera tout juste les frais engagés. La crise sanitaire, le pass sanitaire, exigé à l’entrée, le port du masque obligatoire et surtout l’envie irrépressible de nombreux angevins de profiter de ce dernier pont avant l’hiver et une éventuelle reprise de la pandémie, ont pesé dans la balance. « Dans tous les cas nous étions bloqués à 650 personnes et s’il nous en manque 50 pour faire salle pleine dans ce contexte sanitaire, ce n’est pas bien grave », déclare le président de Cancer Osons. « Nous voulions organiser ce concert coûte que coûte, après une année d’interruption pour cause de confinement. Nous avons tenu notre pari et c’est l’essentiel ». 

Les bénévoles de Cancer Osons (photo Mario Fournier)

Il suffit de parcourir les réseaux sociaux du week-end pour constater que les spectateurs sont très satisfaits du programme concocté par l’association et nombreux sont ceux qui, heureux d’avoir retrouvé l’ambiance des deux premières éditions, ont pris date pour l’an prochain. La 4e édition est prévue le 19 novembre 2022, toujours au Chabada. En attendant les organisateurs préparent déjà une réplique de ce concert en Bretagne, du côté de Lorient.  

Malgré tout ce concert devrait dégager un bénéfice net de 2 000 € qui sera ajouté aux dons des entreprises locales et clubs investis dans le mouvement Movember. Un appel à projet sera ensuite lancé auprès des établissements de cancérologie ou possédant une unité de cancérologie, afin de soutenir un ou plusieurs projets prenant un compte les cancers masculins. 

Pourquoi Cancer Osons choisit d’attribuer ses dons en local ?

Depuis sa création, il y a maintenant 3 ans, l’association Cancer Osons, n’a jamais souhaité reverser ses bénéfices à des grosses structures de lutte contre le cancer. Une raison simple : la traçabilité et le fléchage vers la recherche sur les cancers masculins.

Yannick SOURISSEAU, remettant le chèque de 18 000 € au docteur Heymann de Nantes.

Faire des dons à des structures locales, c’est un choix assumé des dirigeants de l’association Cancer Osons. « C’est très utile de faire un don, voire une donation, à une structure comme la Ligue Contre le Cancer ou encore, comme c’est le cas en novembre, à la Fondation Movember », affirme Yannick Sourisseau, président de Cancer Osons. « La seule chose c’est que ces dons constituent un pot commun qui est distribué aux différents centres de recherche et de lutte contre le cancer de l’hexagone, sans que l’on sache exactement à quoi ça va servir ».

Certes il suffirait de se pencher sur les rapports de ces établissements pour connaitre la répartition. Mais pas sûr que cela corresponde au projet de l’associations, laquelle souhaite encourager les structures qui s’investissent dans la lutte contre les cancers masculins. Étant entendu que ce qui est fait dans ce cadre à des répercussions vers les autres types de cancers.

C’est donc vers les centres de recherche implantés en région, les soignants et les accompagnateurs, des hommes souffrant d’un cancer masculin, que se tourne l’association. « Nous n’oublions pas pour autant les autres cancers et notamment ceux qui sont communs aux deux sexes et aux enfants. Ce n’est pas de la discrimination et encore moins une forme de machisme, mais l’association a été créée pour soutenir les hommes, notre choix est donc conforme à l’objet de notre structure », ajoute le Président.

Avec deux concerts et bientôt trois, tous organisés à Angers, auxquels s’ajoutent les dons d’entreprises associées et les dons de particuliers, l’association a soutenu financièrement deux structures : Le CerHom, une association d’accompagnement et d’aide aux patients masculins, implanté à Villejuif, à proximité de Gustave Roussy, le plus grand centre européen de lutte contre le cancer, que Cancer Osons connait bien, et l’Institut de Cancérologie de l’Ouest à Angers et à Nantes. 

Pour ce dernier, le don de 18 000 € versé par l’association a permis de soutenir financièrement le projet RESIPROST du Docteur Heymann (Laboratoire d’Hétérogénéité tumorale et Médecine de Précision).

La formation de foyers cancer à distance (métastases) de la tumeur primaire est malheureusement une évolution observée dans de nombreux cancers. Le projet RESIPROST s’intéresse à la détection et à la caractérisation des cellules tumorales dans la circulation sanguine, d’où leur nom de cellules tumorales circulantes, chez les patients souffrant d’un cancer de la prostate. La détection de ces cellules permettra non seulement de suivre de manière plus précoce le développement de métastases mais aussi, par leur caractérisation, d’adapter les approches thérapeutiques à chaque patient. ( source : Rapport d’activité de l’ICO 2020).

L’an prochain, l’association lancera un nouvel appel à candidature auprès des structures régionales afin qu’elles puissent faire des propositions de soutien, toujours dans le cadre de projets concernant les cancers masculins. Enfin, le concert qui s’appelle désormais le « Prostate Music Tour », devrait être organisé dans plusieurs villes de France dans les années à venir. A chaque fois, l’association aidera une structure locale. 

Movember : osez la moustache !

A l’instar d’Octobre Rose, événement de soutien aux femmes souffrant d’un cancer du sein et plus généralement d’un cancer féminin, organisé durant le mois d’octobre, Movember est une opération qui vise à sensibiliser l’opinion publique sur la santé masculine et notamment les cancers spécifiques (prostate et testicule) et leurs conséquences sur l’équilibre psychologique des hommes. Chaque année Cancer Osons s’inscrit dans cette démarche en organisant un cancer de soutien et des actions auprès de partenaires (entreprises, magasins, associations sportives…)

Photo d’illustration Movember (Adobe Stock)

Movember connaitra-t-il un jour le succès d’Octobre Rose. Pas si sûr car les hommes sont discrets sur leur maladie, notamment quand il s’agit des cancers de la prostate et des testicules, lesquels affectent les fonctions sexuelles et la virilité des hommes. Un sujet sensible qui provoque un sentiment de panique, allant parfois jusqu’à la dépression et au suicide pour ceux qui sont confrontés à ce type de cancer.

Et pourtant, ce n’est pas mieux chez les femmes qui suivent des traitements similaires pour un cancer du sein et qui portent eux aussi atteinte à leur vie sexuelle. 

Mais depuis la nuit des temps, l’homme, considéré comme le chef et protecteur de la famille se doit d’être vaillant, y compris sur le plan sexuel. Forts de cette situation, les hommes dont la testostérone, l’hormone mâle sécrétée par les testicules, qui stimule le développement des organes génitaux mâles et détermine l’apparition des caractères sexuels, préfèrent parler de leur performance au lit et de leurs conquêtes.  

Or, dans un traitement contre un cancer hormodépendant, comme celui de la prostate, qui se sert de la testostérone pour véhiculer des cellules cancéreuses dans le sang et générer des métastases, notamment sur le système osseux sur lequel sont accrochés les muscles, le principal artifice dont disposent les oncologues, c’est justement d’abaisser le taux de cette hormone. Dès lors la virilité et la sexualité s’en trouvent affectées.

Si les femmes assument donc leur sexualité, même en cas défaillance, il reste beaucoup de travail à faire chez les hommes, pour leur faire comprendre que dans ce bas monde tout se sait et que ce n’est pas en essayant de la cacher, ou en fuyant les traitements, au risque d’en mourir prématurément, que ça arrangera les choses. En parler, au contraire permet de faire comprendre la situation auprès de personnes dont l’éducation n’a jamais pris en charge cette défaillance. Surtout qu’elle n’affecte pas que les vieillards en fin de vie, mais aussi de jeunes hommes.

C’est l’enjeu de Movember. En parler, faire prendre conscience de la difficulté que rencontre les hommes au travers d’événements où les hommes en signe de reconnaissance portent la moustache en signe d’adhésion à cette grande cause. Les femmes peuvent aussi s’y rallier en portant un accessoire, le plus souvent un ruban bleu qui rappelle l’événement. Cancer Osons propose dans sa boutique et sur les lieux où l’association organise des animations, des bracelets et des badges. Cliquez ICI pour accéder à la boutique.

Alors Movember qui ne dispose pas encore de l’espace médiatique de Cancer Osons, et d’un relais important auprès d’associations spécifiques, au contraire d’Octobre Rose qui s’appuie sur les nombreuses associations féminines, fera-t-il un jour jeu égal ? A Cancer Osons, une des rares associations françaises à poursuivre dans cette voie, on y croit. Ca va prendre du temps, mais à force d’organiser des événements pendant le mois de novembre, ça progresse d’année en année.