Movember : osez la moustache !

A l’instar d’Octobre Rose, événement de soutien aux femmes souffrant d’un cancer du sein et plus généralement d’un cancer féminin, organisé durant le mois d’octobre, Movember est une opération qui vise à sensibiliser l’opinion publique sur la santé masculine et notamment les cancers spécifiques (prostate et testicule) et leurs conséquences sur l’équilibre psychologique des hommes. Chaque année Cancer Osons s’inscrit dans cette démarche en organisant un cancer de soutien et des actions auprès de partenaires (entreprises, magasins, associations sportives…)

Photo d’illustration Movember (Adobe Stock)

Movember connaitra-t-il un jour le succès d’Octobre Rose. Pas si sûr car les hommes sont discrets sur leur maladie, notamment quand il s’agit des cancers de la prostate et des testicules, lesquels affectent les fonctions sexuelles et la virilité des hommes. Un sujet sensible qui provoque un sentiment de panique, allant parfois jusqu’à la dépression et au suicide pour ceux qui sont confrontés à ce type de cancer.

Et pourtant, ce n’est pas mieux chez les femmes qui suivent des traitements similaires pour un cancer du sein et qui portent eux aussi atteinte à leur vie sexuelle. 

Mais depuis la nuit des temps, l’homme, considéré comme le chef et protecteur de la famille se doit d’être vaillant, y compris sur le plan sexuel. Forts de cette situation, les hommes dont la testostérone, l’hormone mâle sécrétée par les testicules, qui stimule le développement des organes génitaux mâles et détermine l’apparition des caractères sexuels, préfèrent parler de leur performance au lit et de leurs conquêtes.  

Or, dans un traitement contre un cancer hormodépendant, comme celui de la prostate, qui se sert de la testostérone pour véhiculer des cellules cancéreuses dans le sang et générer des métastases, notamment sur le système osseux sur lequel sont accrochés les muscles, le principal artifice dont disposent les oncologues, c’est justement d’abaisser le taux de cette hormone. Dès lors la virilité et la sexualité s’en trouvent affectées.

Si les femmes assument donc leur sexualité, même en cas défaillance, il reste beaucoup de travail à faire chez les hommes, pour leur faire comprendre que dans ce bas monde tout se sait et que ce n’est pas en essayant de la cacher, ou en fuyant les traitements, au risque d’en mourir prématurément, que ça arrangera les choses. En parler, au contraire permet de faire comprendre la situation auprès de personnes dont l’éducation n’a jamais pris en charge cette défaillance. Surtout qu’elle n’affecte pas que les vieillards en fin de vie, mais aussi de jeunes hommes.

C’est l’enjeu de Movember. En parler, faire prendre conscience de la difficulté que rencontre les hommes au travers d’événements où les hommes en signe de reconnaissance portent la moustache en signe d’adhésion à cette grande cause. Les femmes peuvent aussi s’y rallier en portant un accessoire, le plus souvent un ruban bleu qui rappelle l’événement. Cancer Osons propose dans sa boutique et sur les lieux où l’association organise des animations, des bracelets et des badges. Cliquez ICI pour accéder à la boutique.

Alors Movember qui ne dispose pas encore de l’espace médiatique de Cancer Osons, et d’un relais important auprès d’associations spécifiques, au contraire d’Octobre Rose qui s’appuie sur les nombreuses associations féminines, fera-t-il un jour jeu égal ? A Cancer Osons, une des rares associations françaises à poursuivre dans cette voie, on y croit. Ca va prendre du temps, mais à force d’organiser des événements pendant le mois de novembre, ça progresse d’année en année. 

Movember avec Cancer Osons : des entreprises s’engagent

Depuis la création de l’association Cancer Osons ! en 2018, des entreprise, clubs sportifs et associations s’engagent  à nos côtés, pour organiser des opérations interne, auprès de leurs salariés, clients et adhérents. Ces entreprises qui soutiennent les femmes dans leur combat contre la maladie, soutiennent aussi les hommes, dans un esprit de solidarité pour une même cause : la lutte contre le cancer

La remise du chèque de Scania Production lors de l’opération 2018, par Jean-Philippe Martin Communication Manager chez Scania Production Angers

En 2019, plusieurs structures angevines, mais pas seulement, ont apporté leur soutien à l’association Cancer Osons ! en organisant des opérations qui permettent de faire un don à l’association afin de venir grossir l’enveloppe qui permettra d’aider les structures régionales qui travaillent sur le cancer masculin. Aucune opération n’a été organisé en 2020 à cause de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19.

Cette collecte, ajoutée aux opérations organisées par l’association et notamment le Concert Contre le Cancer organisé au Chabada à Angers, a permis d’effectuer un don de 18 000 € à l’Institut de Cancérologie de l’Ouest à Angers et Nantes. Cette somme a été investi dans un projet de recherche intitulé RESIPROST du Dr Dominique Heymann pour le laboratoire d’Hétérogénéité Tumorale et Médecine de Précision.  » La formation de foyer cancer à distance (métastases) de la tumeur primaire est l’une des évolutions observées dans de nombreux cancers », déclare l’ICO. Le projet RESIPROST s’intéresse à la détection et la caractérisation des cellules tumorales dans la circulation sanguine (cellules circulantes), chez les patients souffrant d’un cancer de la prostate.

Les entreprises qui ont contribué à ce résultat en 2019

Constructeur de camions et bus, dont l’usine d’assemblage française est installée à Angers (2500 personnes), SCANIA Production a organisé en interne, une « opération moustache ». Pour chaque salarié qui accepte de porter une moustache ou femme qui porte un badge avec une moustache, l’entreprise verse 12 € à l’association. En 2019 Scania Production et Scania France (siège) ont versé plus de 3 000 €.

Fabricant d’imprimante à carte plastique, leader mondial, cette entreprise dont l’usine de production et le siège sont installés à Beaucouzé (agglomération d’Angers), EVOLIS a organisé une opération moustache similaire à celle de Scania en reversant 10 € par salarié. : Montant récolté : 2120 €

Entreprise américano-suisse, de composants électroniques de haute précision, de capteurs, de solutions réseaux, de systèmes de télécommunication sous-marins, de systèmes sans-fil et spécifiques, dont le siège français est installé à Pontoise (Val d’Oise), TE Connectivity a effectué un don spontané de 7 000 € 

Grand magasin présent dans plusieurs villes dont Angers, les Galeries Lafayette ont organisé une opération ruban bleu, proposée aux clients pendant leurs achats de novembre. Résultat de l’opération 500 €

AXA assurances par l’intermédiaire d’AXA Atout Cœur, association caritative interne qui se fédère pour de grandes causes a versé près de 1000 € dans le cadre d’une opération lancée pendant Movember auprès du personnel.

Les Ducs d’Angers, l’équipe professionnelle de hockey sur glace d’Angers a organisé une opération spéciale de mise aux enchères de la crosse du gardien de but qui est également gardien de l’équipe de France. Résultat de l’enchère 507 €

École d’ingénieur, composante de l’université d’Angers Polytech Angers,  a organisé via son bureau des étudiants des opérations de sensibilisation et vente de petites moustaches pendant le mois de novembre. Résultat de la collecte : 1000 €

Organisme collecteur des droits d’auteurs pour les ayants droits, la SACEM a consenti une tarification spéciale par solidarité avec la cause défendue par l’association.

Salle de spectacle bien connue des Angevins, le CHABADA, accueille depuis la première année le concert contre le cancer, en mettant à disposition ses locaux et techniciens avec une tarification spéciale et un reversement des bénéfices du bar, équivalent à 2500 €

De véritables actions de solidarité

Mieux que du sponsoring, les entreprises s’engagent dans le cadre d’opération solidaires, internes à l’entreprise en organisant des opérations de sensibilisation du personnel masculin, mais aussi féminin, dans le cadre du mouvement « Movember » en novembre, mais aussi dans d’autres opérations, au cours de l’année. Voici quelques exemples qui peuvent donner des idées. 

Remise du chèque Cancer Osons au Dr Heymann de l’Institut de Cancérologie de l’Ouest

L’exemple de Scania Production

Première entreprise à avoir répondu présent, le constructeur suédois de camions et autocars, dont l’un des sites de production européens est installé à Angers, a proposé d’organiser en interne, une opération moustache, pendant le mois de novembre. 

Les volontaires se laissent pousser la moustache pendant le mois où l’on met le focus sur les cancers masculins, les femmes arborent un badge avec une moustaches, et se déclare au service communication interne qui les identifie, les photographie et verse à l’association un don de 12 € par participant.e.

Afin de sensibiliser le personnel notamment masculin, à la prévention et aux risques, l’association, à l’invitation de l’entreprise organise pendant un temps de pause, une présentation des différents types de cancer, les soins apportés et leur évolution. Les membres présents, le plus souvent des patients répondent aux questions de participants.

L’exemple des Galeries Lafayette

Le grand magasin a acheté pendant le mois de novembre des rubans bleus avec une moustache, revendus ensuite aux client.es pour 1 euros, lors de leurs achats. Les vitrines du grand magasin étaient décorées avec des moustaches et un barbier créait l’animation interne en taillant moustache et barbe à ceux qui se présentaient.

L’exemple de TE Connectivity

L’entreprise Americano-Suisse, dont une antenne est installée en région parisienne, souhaitait organiser une grande marche, au printemps, avec les membres du personnel et leurs amis afin de sensibiliser les hommes et conjoints aux difficultés rencontrées par ceux qui sont touchés. Cette opération sportive et de loisirs n’a pas pu être organisée à cause de la crise sanitaire liée au covid-19. Mais ce n’est que partie remise. L’association a toutefois organisé une visioconférence sur le sujet, avec la direction de l’entreprise. Plus de 150 personnes ont participé et ont posé de nombreuses questions. 

L’exemple de l’Université d’Angers

Pour soutenir la cause, l’Université d’Angers achète une cinquantaine de places pour le Concert Contre le Cancer de novembre. Ces places sont redistribuées au personnel et étudiants dans le cadre d’une opération de sensibilisation aux cancers masculins. 

Il ne s’agit que d’idées, allant dans le sens d’un mouvement de solidarité envers les hommes souffrant d’un cancer et leur famille. Toutes les idées sont bonnes pour sensibiliser et collecter des fonds pour permettre à l’association de soutenir des opérations locales lancées par les Centres de lutte contre le cancer et les structures d’accompagnement. 

Cancer de la prostate : les hommes sont dans le déni

présentation de la prostate sans pathologie), par un urologue (photo Adobe Stock).

Alors que s’ouvre, dans quelques jours, « Movember », l’événement annuel organisé, pendant le mois de novembre, par la fondation Movember Foundation Charity, pour sensibiliser l’opinion publique sur les cancers spécifiquement masculin (prostate, testicule), les hommes concernés restent discrets sur leur maladie. Pudeur disent certains ou plutôt refus d’en parler sous peine de subir les moqueries des autres mâles.

Le cancer de la prostate, cette glande exclusivement masculine de la taille d’une noix à 20 ans et d’une mandarine à 60 ans, et qui permet de fluidifier le sperme, ne touche pas seulement les personnes les plus âgées. En effet s’il touche les soixantenaires et au-delà, il peut aussi toucher des hommes de 45 ans. Quant au cancer du testicule, il touche des hommes jeunes, parfois âgés de 20 ans. 

Si le second est souvent résolu par l’enlèvement du testicule cancéreux, ce qui n’empêche pas la personne concernée de procréer, c’est un peu différent de la prostate. Cette glande placée dans le bas de l’abdomen masculin, sous la vessie, est traversée par l’urètre par laquelle passe l’urine et le canal éjaculateur qui permet d’évacuer le sperme.  

Lorsqu’un cancer est détecté, après passage en imagerie médicale (IRM) et une biopsie, un examen qui consiste à prélever un ou plusieurs petits fragments du tissu de la prostate, le chirurgien en urologie va procéder, selon l’importance de la tumeur, à un curage ganglionnaire ou une prostatectomie, c’est-à-dire une ablation de la glande. 

Pour l’homme concerné, cet examen n’est pas sans conséquence sur la vie sexuelle puisque le chirurgien va devoir détourner le canal éjaculateur qui ne trouve plus sa source, vers la vessie. Si l’érection reste possible, le sperme produit par les testicules est alors envoyé vers la vessie et évacué avec les urines. Une chirurgie de précision qui n’est pas simple qu’il n’y parait, qui ne résout pas toujours le problème, des cellules cancéreuses pouvant s’échapper via la testostérone, principale hormone masculine, produite par les testicules, dans le reste du corps et principalement les os, via le système musculaire, pour faire simple.

Certains urologues ne sont pas convaincus des bienfaits de l’ablation et préfèrent se tourner vers un traitement de longue durée qui vise à faire écrouler la production de testostérone et par la même occasion la virilité des mâles. Et c’est là que le bât blesse, les hommes concernés se sentent diminués, handicapés, au point de cacher la vérité. Parfois à leur épouse et souvent à leur entourage, de peur qu’on se moque de leur impossibilité de maintenir une sexualité normale. 

Et chez les mâles, ceux qui ne peuvent plus honorer leur partenaire, sont souvent rejeté par une société qui place le sexe au plus haut niveau et qui ne fait pas de cadeaux sur le sujet. Le plus souvent repliés sur eux-mêmes les hommes concernés se plongent dans le déni, préférant ne pas en parler ou en entendre parler. Idem pour ceux qui ne sont pas concernés qui ne préfèrent pas savoir et encore moins se faire dépister par une simple analyse de sang et/ ou un toucher rectal, lorsqu’ils atteignent la cinquantaine. 

Il est vrai que dans le cas où la prostatectomie n’est pas appliquée, ou pas applicable, comme c’est mon cas – la tumeur cancéreuse étant positionnée en-dessous de la prostate, à cheval sur cette dernière et les sphincters urinaires -, les traitements qui seront appliqués après radiothérapie, lorsque la tumeur est localisée et n’a pas métastasée ou chimiothérapie dans le cas contraire, a de quoi faire frémir les hommes qui veulent conserver une sexualité affirmée.

« L’acte sexuel n’est pas le seul élément de la sexualité »

En effet parmi l’arsenal médical dont dispose l’oncologue, les traitements hormonaux appelés hormonothérapie sont les plus souvent utilisés. Puisqu’il s’agit d’un cancer hormono-dépendant, – qui dépend de la testostérone -, le principe est de maintenir cette hormone au plus bas afin qu’elle ne diffuse pas ou peu dans le reste du corps. Ce traitement est souvent accompagné d’un autre qui permet de lutter contre l’andropause, c’est-à-dire un déficit androgénique. 

Un élément de plus qui n’encourage pas les hommes à poursuivre dans cette voie. « Quand on annonce les effets secondaires, c’est-à-dire baisse de la virilité et de la sexualité, certains hommes refusent et préfèrent attendre un meilleur moment », déclarait mon oncologue lorsqu’elle m’a annoncé la nouvelle. La difficulté, c’est qu’il n’y a pas de meilleur moment mais plutôt pire, avec une véritable invasion des cellules cancéreuses et une mort assurée précocement. 

Alors certains vivent mal la situation et quand ils ne rompent pas avec leur conjoint, ils choisissent d’en passer par une solution plus expéditive, considérant qu’ils n’ont plus rien à faire dans une société qui le méprise parce que leur organe sexuel leur fait désormais défaut.

Et pourtant, les sexologues qui prennent en charge les hommes touchés par ce cancer et qui se retrouvent dépourvus, proposent des solutions. Cela passe par des médicaments qui permettent de retrouver une érection quasi parfaite, des injections dans les parties caverneuses, ou tout simplement un retour vers un équilibre avec son conjoint. « L’acte sexuel n’est pas le seul élément de la sexualité. Il existe d’autres moyens pour vivre en harmonie avec sa partenaire. La première chose étant d’en parler », me confiait un sexologue, lors d’un reportage. 

Le cancer progresse plus lentement sur les corps sains, sur ceux qui maintiennent une activité physique et qui ne sombrent pas dans le repli et parfois dans la dépression. En parler, tout dire sur son cancer, en faisant fi des quolibets, est la première démarche à entreprendre. Et croyez-en mon expérience, messieurs, ça fait vraiment du bien. Et quant à ceux qui ne sont pas encore touchés, inutile de jouer l’indifférence, ce n’est pas bon pour le moral des personnes touchées. Au contraire, elles ont besoin d’un soutien appuyé. Écoutez-les et aidez-le à vivre cette étape douloureuse, en imaginant qu’un jour vous y passerez peut-être. Un homme sur sept est actuellement touché, alors pourquoi pas vous. Ca n’arrive pas qu’aux autres.